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MY AFRO TOUCH : UNE HISTOIRE D'AMOUR ENTRE SES RACINES CULTURELLES ET SON INSTINCT CRÉATIF.

Dernière mise à jour : 27 juin 2022

Dans toutes les sociétés traditionnelles, dites tribales, situées dans les 4 coins du monde, le bijou a un place essentielle que ce soit dans le registre du beau, de la position sociale et même celle du mysticisme. Le bijou est un objet purement identitaire ancré dans la thématique "Arts et Société".


Pour ne parler que de l'Afrique, un continent dont j'ai une connaissance plus avancée sur ses objets d'art, le bijou est porté par les hommes et les femmes. Le corps doit être sublimé, que ce soit par des peintures corporelles, des scarifications, comme cela est visible chez les Fulani (peuls du centre du Niger) où une fois par an, les hommes de cette ethnie se regroupent, se maquillent soigneusement afin de mettre en valeur la blancheur de leurs dents, l'éclat de leurs yeux et la finesse de leur nez, complétés par la broderie de leurs tenues et le port de parures. Ils se pavanent en faisant des démonstrations de charmes et des danses érotiques devant le regard averti des jeunes filles à la quête de leur futur mari.

Cet objet qu'est le bijou, où se révèle sans mot le statut social, l'âge, l'ethnie, la situation familiale et aussi l'aspect de protection contre le mal, fait parti intégrante de la vie sociale ainsi que le matériau choisi porte sa représentativité. On trouvera l'utilisation du laiton, du cuivre, de l'or, de l'ivoire, des perles mais aussi de la paille , du bois et des plumes. Il faut savoir que le laiton est un matériau prisé dans toute l'Afrique occidentale jusqu'au Congo. Notamment pour la fabrication de bijou très recherché, mais ce n'est pas le seul, le cuivre en fait partie en raison de leurs couleurs rouge qui étaient associées au prestige et à la royauté. En ce qui concerne l'or, il fut beaucoup utilisé par les Akan (Ghana) et dans les pays du Sahel, cependant son usage fut limité notamment par 2 facteurs celui de l'animisme où le métal jaune avait des attributions de pouvoirs maléfiques, et l'Islam où il était considéré comme étant le métal du diable à l'inverse de l'argent perçu comme le métal béni par le Prophète. Pour la technique ancestrale de la cire perdu, celle-ci était utilisée principalement pour la fabrication de bijoux complexes et somptueux destinés aux chefferies et pour montrer son statut social prestigieux.


La création de bijoux dit afro-contemporain assoit son africanité par l'usage des matériaux et des formes choisis. En effet, soit le créateur est conscient de toute la symbolique qui forge sa création, soit il est inconscient de tout cela, et par conséquent nous pouvons nous dire, que c'est l'histoire de ses origines qui est survenu à lui tout naturellement.

Dans cet interview, la créatrice de la marque My Afro Touch, nous parle de son attrait pour les matériaux et leurs symboliques, elle nous dévoile cet amour pour les cultures africaines qui sont déterminantes dans la construction de son cheminement artistique.



1. Qui se trouve derrière My Afro Touch ?


Je suis Isabelle, fondatrice de la marque My Afro Touch. Mariée et mère de 2 enfants, je suis issue d'un métissage entre le Togo et la Guyane. Touche à tout depuis ma plus tendre enfance, j'ai eu la chance de pouvoir exprimer ma fibre artistique à travers la danse, la musique, le dessin, les activités artisanales... Cette fibre artistique ne m'a jamais quittée et m'a conduite à la création de bijoux.



2. Quelle est la symbolique qui tourne autour de votre marque My Afro Touch et comment la faites vous exister ?


My Afro Touch est avant tout une histoire d'Amour. Mon amour pour ma terre natale, authentique, singulière, diverse, si riche de talents. Mon amour pour le travail artisanal : le savoir-faire inégalé, la patience et les heures de travail, et d'incroyables compétences qui rendent chaque pièce unique. Mon amour des matières naturelles, brutes, fortes, chargées d'émotions ou d'histoires chuchotées à travers le temps.

Je mets tout cet amour au cœur du processus créatif pour créer des bijoux et accessoires actuels, inspirés d'Afrique, tout en valorisant les savoir-faire et symboliques ancestrales. Je suis de celles qui pensent que nos ornements sont un moyen d'expression à part entière. Le cauri par exemple est un coquillage blanc désormais incontournable qui, au-delà de son aspect esthétique, porte en lui une histoire et pour certains des valeurs spirituelles. Je recherche continuellement la signification derrière le symbole !

Chaque création est confectionnée ou assemblée à la main avec soin et patience, par moi-même ou en collaboration avec des artisans du continent africain.




3. Depuis quand avez-vous créé votre marque ?

J'ai créé ma marque à la fin de l'année 2016. 4. Quel a été l’élément déclencheur ? Je ne dirais pas qu'il y a eu un seul élément déclencheur. C'est plutôt le résultat d'un processus. Il faut savoir que j'ai toujours été une amoureuse du travail artisanal. J'ai testé la mosaïque, la peinture sur verre, la gravure sur bois, et j'en passe. Un jour une de mes amies d'enfance m'a remis un gros sac de perles traditionnelles africaines. Elle m'a dit : "Tiens, au moins toi tu sauras quoi en faire." J'ai été émerveillée par toutes ces magnifiques perles et pendant mon temps libre j'ai commencé à créer quelques bijoux pour le plaisir. A cette époque j'étais salariée dans une entreprise du web (Je suis webmarketeur de formation). Je me mettais beaucoup de pression pour atteindre les objectifs qui m'étaient fixés, je ne comptais pas mes heures de travail, pour peu de satisfaction. J'avais de plus en plus l'impression de ne rien produire, j'avais besoin de donner du sens à ce que je faisais, de créer de la valeur. Et puis surtout ma fibre artistique avait besoin d'être nourrie. Petit à petit, ce qui a débuté par un simple loisir a commencé à prendre de plus en plus de place dans ma vie. Le soir, après le travail, après les obligations familiales, je me mettais à créer. Puis j'ai commencé à vendre quelques pièces, qui ont été bien accueillies. Ce sont mes proches qui m'ont suggéré de lancer mon entreprise. J'ai eu la chance d'être encouragée à dépasser mes craintes. Au final, j'ai quitté mon travail qui ne m'apportait plus satisfaction. Et My Afro Touch est née.

5. D’où vous vient votre inspiration et a t-elle été influencée par un artiste en particuliers ?

J'aurais aimé pouvoir vous dire que je suis influencée par un ou plusieurs créateurs connus. Mais il n'en est rien. Je puise mon inspiration de mon environnement et surtout de mes racines métissées.

6. Quel est votre processus de création et comment construisez-vous vos collections ?

Je travaille de plusieurs façons, je n'ai pas vraiment de règles. Je me laisse bien souvent guider par mon inspiration du moment. Parfois d'une simple perle éclot toute une collection. D'autres fois c'est une pièce unique qui émergera de mes turbulences créatives. Mon esprit est constamment en ébullition donc les idées me viennent à n'importe quel moment et parfois en plein milieu de la nuit ! Il m'est déjà arrivé de me lever en pleine nuit pour tester une idée qui venait de naitre dans ma tête et qui ne voulait pas me lâcher.



Je peux partir d'une idée précise, que je vais parfois crayonner sur une feuille de papier. Dans ce cas je vais partir à la recherche des différentes perles, pendentifs, breloques ou autres ornements qui vont me permettre de donner vie à cette idée, au plus proche du bijou imaginé à l'origine. C'est un peu comme une chasse au trésor, et cela peut conduire à bien des surprises. Si je ne trouve pas mon bonheur, je vais fabriquer moi-même les pièces qui me manquent, ou m'appuyer sur les compétences d'artisans africains. Je pense par exemple aux pièces en bronze, en ébène ou en corne que j'utilise dans la plupart de mes bijoux.


Je peux aussi partir d'éléments qui me plaisent, "ressentir" une association de matière, de couleurs, de formes ; les faire cohabiter selon l'inspiration. Mais cela peut me mener trop loin, alors je défais, je refais, je remonte, jusqu'à satisfaction. Les moments où je travaille le mieux, c'est la nuit, quand toute la petite famille dort. Je n'ai pas de pièce dédiée, pas d'espace pour créer un atelier comme je le souhaite (mon rêve). J'ai donc "colonisé" plusieurs espaces chez moi et l'endroit où je travaille le plus souvent, c'est le salon.

7. Où trouvez-vous votre matière 1ere ? Quelles sont les matières que vous utilisez et pourquoi ?

Je me fournis en apprêts (petits éléments de montage) essentiellement en France. Pour le reste, je m'approvisionne sur les marchés africains lors de mes voyages, ou par des intermédiaires sur place. Je travaille également en collaboration avec des artisans au Togo, Bénin, Burkina, Mali, Côte d'Ivoire.



8. Quel a été l’impact de pandémie dans votre travail et la relation avec vos clients ?

Au début j'ai été comme tétanisée, hébétée. Un peu comme un écrivain devant une page blanche qui ne parvient pas à la remplir. Cela a duré 2/3 semaines. Puis je me suis dit que "La créativité ne pouvait être confinée" (je revendique la maternité de cette phrase) parce qu'après tout, mon esprit était libre, lui ! Je me suis donc remise à créer. J'avais créé mon site internet quelques années auparavant mais je ne l'exploitais pas vraiment. J'ai donc décidé de l'actualiser, ce qui m'a permis de garder le contact avec ma clientèle et de pallier l'annulation de tous les salons et autres rendez-vous auxquels j'avais l'habitude de les rencontrer.


9. Quelle est votre pièce coup de cœur et pourquoi ?


Ma pièce coup de cœur est un collier que j'ai créé pour un jeune homme (Mister Africa France, pour ne pas le citer) qui participait à un concours international. Une des épreuves consistait à défiler avec un costume qui sortait de l'ordinaire. Ce jeune homme m'a donc contacté, et après discussion et échanges, j'ai concocté cette pièce unique pour lui. Cette pièce est particulière pour moi car j'ai eu quasiment carte blanche pour laisser s'exprimer mon petit grain de folie. J'aime sortir des sentiers battus, du conventionnel. Mon plus grand bonheur est de créer des pièces personnalisées, et de lire dans les yeux de ceux qui les portent le plaisir de se sentir exceptionnels. Surtout lorsqu'elles sont extravagantes!






10. Quelles sont vos perspectives ?

J'ai lancé cette entreprise seule, en autodidacte, autant sur l'aspect créatif que sur l'aspect administratif (même si avoir un mari comptable, ça peut aider). Au moment de la pandémie, j'avais décidé de me lancer dans une formation de bijouterie-joaillerie, notamment pour acquérir des compétences dans le travail du métal. J'avais déjà passé les premières étapes de sélection mais la formation a été annulée à cause du Covid. Aujourd'hui, cette idée ne m'a pas quittée. J'ai envie de m'ouvrir de nouveaux horizons créatifs alors sans doute vais-je reprendre ce projet. Quant au développement de My Afro Touch, je pense également que pour passer au niveau suivant, je vais avoir besoin de me faire accompagner. Je suis très fière de ce que j'ai accomplie jusqu'ici, mais un entrepreneur avisé doit aussi savoir s'entourer, identifier ses failles et ses axes de progression.

11. Pourquoi participez-vous au salon Inspiration Nomade ?

J'ai été attirée par la dimension multiculturelle de ce salon. J'aime l'idée du mélange d'inspirations et d'influences et la mise en valeur de la diversité des savoir-faire.

12. Avez-vous autre chose à nous dire ?

J'ai hâte de vous rencontrer et de faire la connaissance des autres créateurs au salon Inspiration Nomade #3 !

Merci de m'avoir donné l'opportunité d'y participer.



Interview par Yalla-Marie GUEYE


Le live instagram du 27 juin 2022




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