Santé au travail : Un enjeu majeur pour les artisanes en période de fêtes.

Par Yalla Marie N'DIAYE.

Dans l’intimité de leurs ateliers, nos chères artisanes donnent vie à des créations uniques. Sur les réseaux sociaux, elles nous montrent les coulisses de la créations, pourtant, derrière la magie de leur savoir-faire, se cachent souvent des réalités bien moins scintillantes : des conditions de travail qui peuvent avoir des conséquences importantes sur leur santé.

En effet, la période des fêtes, qui devrait être synonyme de joie et de créativité, accentue ces enjeux. Pour les artisanes, elle représente une opportunité commerciale cruciale mais aussi une source de stress et d’efforts physiques intenses. Je pense qu'en tant que consommatrices et amoureuses de l'artisanat, il est essentiel de prendre conscience de ces réalités afin de soutenir les artisanes de manière responsable. Par conséquent, j'ai voulu donner à cet article engagé un objectif de sensibilisation sur les risques professionnels auxquels elles sont confrontées et de proposer des axes préventifs.

Un constat alarmant : la santé des artisanes en danger.

Selon une étude récente publiée par l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), plus de 60 % des artisanes de bijoux et d’accessoires souffrent de troubles musculo-squelettiques (TMS) liés à des postures prolongées et répétitives. Les pathologies les plus courantes incluent des douleurs au niveau du dos (45 % des cas), des épaules (30 %), des poignets et des mains (25 %). En outre, ces troubles peuvent provoquer une baisse de productivité et une invalidité partielle ou totale dans les cas les plus graves. De plus, l’exposition à des produits chimiques, tels que les solvants ou les alliages métalliques, est un autre facteur de risque majeur. Toujours selon l’INRS, près de 25 % des artisanes déclarent avoir développé des problèmes respiratoires ou des allergies chroniques en raison de leur activité professionnelle.

En ce qui concerne la santé mentale, les chiffres sont tout aussi préoccupants. Une étude de la Chambre des métiers révèle que près de 40 % des artisanes souffrent de stress chronique, souvent lié à la pression des délais et à l’incertitude financière. Près de 15 % d’entre elles rapportent des symptômes de dépression, et 10 % ont connu des épisodes de burn-out au cours des cinq dernières années.

Le bien-être au travail, un facteur de stabilité et d'épanouissement professionnel.

La santé des artisanes est essentielle non seulement pour leur bien-être personnel, mais aussi pour la pérennité de leur activité. Les conséquences d’une santé négligée peuvent être dramatiques : arrêts de travail prolongés, incapacité à poursuivre leur métier ou encore abandon de leur passion par nécessité.

Ces problèmes ont également un impact économique. Dans les petites entreprises ou pour les artisanes indépendantes, chaque jour d’arrêt de travail peut entraîner une perte directe de revenus, déstabilisant une activité souvent déjà fragile. Il faut savoir que les troubles musculo-squelettiques représentent la première cause des arrêts pour maladie professionnelle en France, cela concerne aussi les travailleurs indépendants qui sont souvent non couverts par des dispositifs d’indemnisations classiques.

Par ailleurs, préserver la santé des artisanes, c'est en quelque sorte garantir la préservation d'un patrimoine immatérielle qui est celui de la technicité du geste.

Favoriser la prévention, une solution réelle.

Pour protéger les artisanes des risques professionnels, plusieurs initiatives et outils sont mise à disposition :

• La formation à la prévention des risques : des organismes comme l’INRS ou les chambres de métiers proposent des formations sur les bonnes pratiques posturales, l’utilisation des équipements de protection individuelle (EPI) et la gestion des produits chimiques.

• Des aides financières pour améliorer les conditions de travail : des subventions, comme celles de l’Assurance Maladie dans le cadre du programme TMS Pros, permettent de financer l’achat de matériel ergonomique (tabourets adaptés, postes de travail ajustables, etc.). Pour les artisanes indépendantes, des solutions spécifiques comme des déductions fiscales ou des aides locales peuvent être explorées.

• Le recours à des services de santé au travail : les artisanes peuvent bénéficier de bilans de santé réguliers et de conseils personnalisés en prévention.

• Le soutien psychologique : certaines structures proposent des accompagnements spécifiques pour gérer le stress et prévenir le burn-out. L’Assurance Maladie propose également des numéros d’aide pour les travailleurs indépendants.

  
  

Néanmoins, la prévention passe aussi par une prise de conscience de l'artisane sur sa pratique au quotidien. Certaines habitudes peuvent faire une grande différence telles que :

1. Alterner les postures : varier régulièrement les positions de travail et faire des pauses pour s’étirer.

2. Utiliser des outils ergonomiques : investir dans du matériel adapté pour limiter les efforts inutiles.

3. Porter des protections : gants, masques et lunettes pour se protéger des produits toxiques.

4. Prendre soin de son mental : pratiquer des activités relaxantes comme la méditation ou le yoga.

Consommons responsable.

En effet, comme j'ai pu le dire en introduction, la période des fêtes est un moment charnière pour les artisanes. Si elle représente souvent une opportunité commerciale cruciale, elle constitue également une source majeure de stress et d’efforts physiques intenses. Chaque consommateur a le pouvoir de faire la différence :

• En privilégiant les commandes anticipées pour éviter aux artisanes la pression des dernières minutes.

• En reconnaissant la valeur du travail artisanal à travers des achats responsables, respectueux des prix justes.

• En partageant des messages de soutien sur les réseaux sociaux pour valoriser leur travail.

Pour conclure, la santé au travail des artisanes est une responsabilité collective. Les artisanes doivent rester vigilantes et se former régulièrement pour préserver leur bien-être. Les structures qui les accompagnent, comme les chambres de métiers et de l'artisanat ou les collectivités locales, jouent également un rôle essentiel dans leur soutien. Et enfin, les consommateurs doivent faire preuve de patience et comprendre que le fait-main demande plus de temps et de minutie que la création industrielle.