ARTIZAN BOZIGN : UN ENTREPREUNARIAT ÉQUITABLE ET SOLIDAIRE EN FAVEUR DE L'ARTISANAT AU MALI.

Le commerce équitable est cette volonté de sortir du système économique libéral pour contribuer réellement à un système où chaque partie sera gagnante. En effet, le principe du "gagnant-gagnant" ou celui du "juste prix" permet au producteur de vivre décemment de son travail. Ce concept porte le sceau d'une prise de conscience des distributeurs et aussi des consommateurs où la responsabilité de vendre et de consommer des produits équitables procurent une certaine satisfaction et en donne du sens. L'artisanat du sud est le premier secteur d'activité qui a été à l'origine de cette nouvelle forme de commerce. L'Afrique est un terreau de savoir-faire artisanal, qui tendra à se perdre si son activité s'épuise. Beaucoup d'entrepreneur de la diaspora ont décidé de soutenir l'artisanat africain en collaborant directement avec les artisans et les producteurs de matières premières sur le continent. C'est le cas de la marque de maroquinerie, Artizan Bozign, qui a fait le choix de travailler avec les tisserands, les tanneurs et couturiers maliens pour la confection de ses sacs. Elle prône le "Made in Mali" et contribue efficacement au développement économique local.

1. Qui est derrière la marque Artizan Bozign ?

Kaji Timera , Entrepreuneuse et créatrice de la marque Artizan Bozign. Passionnée par les traditions du monde, l’histoire africaine et ses savoir-faire ancestraux. J'ai longtemps été désireuse de mettre en lumière un pan de ma culture d’origine malienne et sa grande diversité que j’affectionne particulièrement.

2. Depuis quand avez-vous créé votre marque ?

La marque a été créée dans le courant de l’année 2021.

3. Quel a été l'élément déclencheur?

J'ai toujours eu le souhait d'entreprendre une activité en lien avec le continent. De plus, connaissant le potentiel des artisans maliens, j'ai décidé spontanément de contacter de potentiels partenaires pour tester le marché de de la maroquinerie artisanale africaine. Étant moi-même très admirative du savoir-faire traditionnel, et consommatrice de ces produits, j’ai pensé que certaines créations pourraient plaire à d’autres personnes en Europe, particulièrement à un public afro-caribéens. C’est alors que j’ai décidé de lancer des productions de plusieurs déclinaisons de sacs à main en petites séries.

Par la suite, je me suis intéressée de plus près à un type de création plus « niches » qu’est le Bogolan, le tissu de boue traditionnel et emblématique du Mali. Cette matière constituait déjà une marque distinctive des sacs bi-matières confectionnés par les

artisans. "Distinctive", pour ne pas dire « la touche d’originalité », puisque l’ajout du bogolan au cuir, conférait indéniablement cette identité « Made in Mali ».

5. Comment vous organisez-vous et de quelle matière créez-vous vos collections?

Les artisans sont situés dans plusieurs région du pays, Bamako, région de Ségou et la région de Mopti. J’ai plusieurs partenaires interlocuteurs par zone. il y a donc plusieurs coordinateurs locaux qui se chargent de suivre les productions en temps réel. Je n’ai pas le même mode de fonctionnement avec les maroquiniers qu’avec les partenaires tisserands.

L’activité est encore à un stade embryonnaire, les créations se font beaucoup au feeling, je suis toujours en phase d’expérimentation pour l’heure. Le but étant bien-sûr d’avoir un système de production adapté aux tendances et aux saisons en terme de design et de coloris.

4. Qui dessine les modèles de la marque et les confectionne? 

Les modèles sont créés par les artisans eux-mêmes, ou proposé par moi-même.

Je réadapte des créations déjà existantes, je propose des designs, et en fonction de l’inspiration des

uns et des autres on arrive à avoir nos créations.

6. Où trouvez-vous votre matière 1ere ? Quelles sont les matières que vous

utilisez et pourquoi ? 

Les matières premières sont entièrement produites localement, le cuir, le coton, le bronze sont

des ressources importantes. Ce sont des matières nobles, qui ont toujours contribué à l’essor économique du pays.

A titre d’exemple, la filière du coton impacte une grande partie de la population dans plusieurs régions du Mali, et cette matière constitue par ailleurs, la pierre angulaire de cette aventure entrepreneuriale.

7. Quel a été l'impact de la pandémie dans votre travail et la relation avec vos clients ? 

C’est en pleine pandémie que j’ai pris l’initiative de lancer ce projet, ceci n’a donc pas été un frein pour moi, je dirais bien au contraire, cela m’a permis de prendre le temps de me mettre en placeprogressivement.

8. Quelles sont vos perspectives ?

Le projet a été pensé dans un esprit d’économie social et solidaire. J’ai donc à cœur de consolider les collaborations avec les partenaires afin de travailler dans une perspective durable, en nous fixant des termes pour garantir cela, sans pour autant adopter totalement les mêmes standards que les labels actuels du commerce équitable.

9. Quelle est votre pièce coup de cœur et pourquoi ? 

Une pièce pas encore disponible, dont l’esthétique et l’histoire m’a fortement passionnée.

10. Quel est l'artiste ou le créateur qui vous a le plus influencé ?

Il y a des créateurs dont je suis admirative du travail, je pourrais citer Mariah Bocoum, styliste malienne qui fait de belles créations à partir du bogolan, néanmoins ce n’est pas ce qui m’a poussé à me lancer dans cette aventure entrepreneuriale.

11. Pourquoi participez-vous au salon Inspiration Nomade ?

Le salon met à l’honneur des créations handmade uniques, avec des inspirations du monde, avec un esprit minimaliste et original, ce qui correspond parfaitement aux créations que je propose.

Interviewée par Yalla-Marie GUEYE

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