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KWAARA INTERIORS : QUAND LE BESOIN D'UN CHEZ SOI IMPULSE UNE VOLONTÉ DE CRÉATION IDENTITAIRE.

Dernière mise à jour : 25 juin 2022

Partir ailleurs, en faisant le choix de laisser ses repères, ses habitudes, son environnement connu pour découvrir autre chose. Cela peut-être déstabilisant, cependant le chez soi est un lieu où l'on peut se recréer son univers afin de pouvoir se retrouver soi-même. Ce qui est certain et qu'on ne peut pas perdre, ce sont nos origines, notre culture, c'est ce qui fait notre identité. Toute l'histoire de KWAARA INTERIORS tourne autour de cette question d'identité culturelle qui est un socle essentiel dans sa démarche de création et celui de donner du sens à tout objet qui porterait son nom. La symbolique autour de l'objet créé, va bien au-delà du beau, permettant à celui qui l'acquiert, d'obtenir une compréhension de l'objet qui aura tout son sens.


1. Qui est derrière Kwaara Interiors?


Alors je suis Peggy Memvouta et je suis la fondatrice de Kwaara Interiors. je suis une femme de 37 ans originaire du Cameroun et aux multiples casquettes notamment maman, salariée, entrepreneure pour ne citer que celles là. Je suis une passionnée de bien-être chez soi, de décoration d'intérieur et une amoureuse de l'Afrique. J'ai un diplôme en design d'intérieur obtenu en travaillant en parallèle comme salariée dans une entreprise de la place ici en Suisse (pour information j'ai une formation de juriste à l'origine). Les services que je propose aujourd'hui sont de deux ordres. En tant que décoratrice d'intérieur, j'accompagne les mamans actives à transformer leur intérieur en un cocon qui soit à leur image et dans lequel elles s'épanouissent. Depuis près d'un an, je vends des décorations murales textiles conçues et confectionnées par moi-même et qui mettent en valeur l'Afrique et ses différentes cultures.



2. Depuis quand avez-vous créé votre marque?


C'est une longue histoire, lol. Je dirai que tout dépend de ce qu'on entend par "créer". Si on fait le parallèle avec une grossesse, je dirai que ma marque a été créée en 2018 car c'est l'année où effectivement j'ai eu l'idée. On peut dire que c'est l'année de conception. Deux années se sont écoulées suite à ça, années que je considère comme étant des années de gestation durant lesquelles j'en parlais sur mes réseaux sociaux mais sans vraiment l'assumer car le fameux syndrome de l'imposteur n'était jamais très loin. Je profitais quand même de cette période pour définir les contours de mon projet et la vision que j'en avais. Le tout en me faisant accompagner. Ce n'est qu'en 2020 suite à un coaching business que je vais ENFIN donner un vrai nom à mon projet. C'est la naissance de ma marque.


3. Quel a été l'élément déclencheur?


L'élément déclencheur c'est une période compliquée que j'ai traversée. J'ai quitté la France fin 2017 ou j'ai vécu pendant une douzaine d'années pour la Suisse et ce pour des raisons professionnelles. J'ai eu du mal à m'adapter. Ce qui a été pour moi très dur à accepter. Je suis quelqu'un qui aime voyager et découvrir de nouvelles cultures. Jusque là j'arrivais à m'adapter assez rapidement. Je suis même allée étudier un an hors de la France pendant mes études pour vous dire que je n'avais pas peur d'aller à l'aventure. Cadre dans de grands groupes internationaux, je faisais clairement comprendre à mes supérieurs que j'étais prête à partir à l'étranger auprès de sociétés sœurs par exemple si l'occasion se présentait. Donc quand l'opportunité en Suisse s'est présentée je n'ai presque pas hésité même si je n'avais jamais pensé à ce pays spécialement. La différence ici c'est que je n'étais plus seule, j'avais mon fils âgé de 2 ans et demi à cette époque avec moi. Et pour la 1ere fois depuis bien longtemps j'avais la sensation d'être "étrangère" dans un pays et je culpabilisais énormément d'avoir entrainé mon fils là dedans.


Je trouvais les habitants très "rude" et froids. Tout était trop "cadré" et j'avais un rythme de vie effréné entre mon boulot, mon fils et toutes les démarches administratives et personnelles pour notre installation. Et pourtant j'étais convaincue que ce changement était nécessaire et que j'étais exactement à l'endroit où je devais être. J'ai travaillé énormément sur moi et de fil en aiguille j'ai eu la conviction que je devais décider de me faire ma place dans ce pays pour aller mieux. On a presque tous besoin de se sentir rattaché à un endroit précis et d'appartenir à une communauté. J'ai donc décidé de faire de mon logement à l'époque ma "base" dans ce pays, un peu à la manière des bases militaires. Et croyez moi cela a entraîné un switch dans ma manière de concevoir l'habitat dans lequel je vivais. Cela m'a d'ailleurs amené à m'intéresser de plus près à l'aménagement et la décoration d'intérieur, à la psychologie de l'habitat qui pour moi a été une véritable révélation. Je décidais en plus de me former dans ces domaines. C'est en aménageant mon intérieur que je vais aussi me découvrir un intérêt pour les DIY et je vais me retrouver à créer des toiles textiles afro inspirées parce que je ne trouvais rien de tel dans les magasins tout simplement. Tous les murs de ma maison étaient blancs et je trouvais cela très froid. J'avais besoin de les réchauffer, et j'ai tout de suite pensé aux tissus et imprimés africains pleins de couleurs, de vie, et d'histoire que j'ai ensuite utilisés pour créer mes premières toiles.


4. D'où vous vient votre inspiration? Y a t-il une personne qui vous a les plus influencé dans votre travail créatif ?


Mon inspiration vient de mes origines africaines. J'ai d'ailleurs voulu le retranscrire dans le nom de ma marque. Kwaara est un mot de la langue zarma (langue parlée au Niger principalement mais aussi au Nigeria, Burkina, Mali, Bénin...etc) qui signifie "village". On l'utilise aussi pour dire "chez un tel" et apporter donc cette notion de chez soi. Lorsque je décide enfin de créer ma "base" en Suisse, je pars beaucoup de mes origines et de ma culture africaines pour transformer mon intérieur car pour moi c'est ce qui me donne une direction et me rappelle les valeurs de vie qui me guident au quotidien et que je souhaite transmettre à mon fils.


La personne qui m'inspire le plus pour la partie créative est un personnage: celui du "griot" africain. Son rôle dans la conservation et la transmission de génération en génération des valeurs culturelles africaines m'inspire beaucoup. Parce que quelque part c'est cette tradition qui permettaient d'asseoir dans les nouvelles générations la conscience de qui elles étaient. C'est ce même rôle que j'ai souhaité attribuer à mes créations. J'ai d'ailleurs tendance à les appeler les griots muraux.


5. Quel est votre processus de création ?


J'aime travailler dans le calme, le soir une fois mon fils couché et la journée de travail terminée. C'est le moment où j'ai l'impression que tout s'arrête. La vie à l'extérieur, la course contre la montre... C'est mon moment préféré dans la journée, ou je

peux me permettre de ne penser à rien ou laisser libre cours à mon imagination. C'est aussi le moment où je peux me poser pour lire, je tire beaucoup mes idées de mes lectures. Je travaille beaucoup au feeling. Même si aujourd'hui mes créations sont organisées en collections, je me laisse guider au niveau de l'inspiration par mon ressenti et par ce que j'apprends au fil des des jours au travers de mes lectures, mes voyages, mes souvenirs...etc

Je ne me définis ni comme une artiste ni comme une artisane en fait. Je n'aime pas le fait de devoir nécessairement se mettre dans une case. Pour moi c'est un frein à la créativité. Je milite pour laisser la créativité s'exprimer justement. Pour moi je suis une créative, C'est tout.


6. Où trouvez-vous votre matière 1ère ? Quelles sont les matières 1ères que vous utilisez et pourquoi celles-ci ?


Alors ma matière première c'est mon imagination et ma créativité, Et comme expliqué précédemment elle est alimentée par divers moyens: lecture, voyages, souvenirs, échanges avec des personnes autour de moi, ma spiritualité aussi... etc. Maintenant pour donner vie à cette imagination j'utilise effectivement des matériaux précis qui sont la toile de jute et le raphia parce que ces deux matières sont très utilisés dans de nombreux pays en Afrique et dans différents domaines de la vie de tous les jours comme l'art, la mode notamment pour la confection de tenues traditionnelles lors de cérémonies importantes...etc Ces matières sont vraiment très symboliques des traditions africaines pour moi. J'utilise également le wax et les tissus plus traditionnels africains comme le shwe shwe sudafricain, le batik, le bogolan,...etc pour réaliser certains motifs de mes créations. En fait, je souhaite explorer la richesse du textile traditionnel africain. La majorité de ma matière première provient d'Afrique notamment les tissus traditionnels que je fais venir du Sénégal, Mali, Cameroun, Congo...etc. Le raphia que j'utilise provient aujourd'hui principalement de Madagascar. Je m'approvisionne également auprès de revendeurs ici en Europe qui font partie de la communauté pour la plupart parce que pour moi c'est aussi un moyen de les soutenir. Enfin il peut m'arriver d'acheter certaines matières comme la

toile de jute localement à cause de la qualité suisse qui reste indéniable.


7. Quel a été l'impact de la pandémie dans votre travail et la relation avec vos clients ?


Pour être tout à fait honnête, la pandémie a été pour moi un temps de perfectionnement et d'apprentissage. Comme je l'ai expliqué c'est en 2020 un peu avant les mesures de confinement que je trouve enfin mon nom de marque et lorsque je décide enfin de lancer la marque c'est le confinement, l'arrêt des activités a fait que je décide d'attendre. J'avoue le fait que je sois "salariée" aussi m'a permis de ne pas me mettre de "pression" malgré la situation sociale. Par contre à ce moment-là je décide de me perfectionner, d'en apprendre davantage sur la gestion d'entreprise parce que pour être totalement transparente je n'ai jamais pensé être entrepreneure. C'est d'ailleurs un statut qui clairement n'était pas pour moi, c'était pour les autres. Bref j'étais enfin ok avec le fait que je devais me lancer en tant qu'entrepreneure et je voulais avoir les connaissances de base sur la gestion d'entreprise. C'est ainsi que j'ai appris la gestion des finances, parce que bon, il faut le reconnaître le nerf de la guerre dans toute entreprise ce sont les finances. De plus, à l'origine je pensais proposer uniquement mes prestations en aménagement d'intérieur. Or la prolongation des mesures de confinement faisait que je devais penser autrement et je me suis tournée alors vers mon côté créatif. J'ai travaillé mon offre. Je passais mes soirées à créer et confectionner mes toiles murales et j'adorais ça. Je n'ai pas pensé un seul instant au départ que je pourrai vendre mes créations. A la base c'était pour moi que je créais et il a fallu là aussi revoir ma façon de penser. J'ai donc décidé de me lancer également dans la création et la vente de décorations murales. J'ai profité du confinement pour structurer cette activité ainsi que mes différentes collections. En 2021 lors de l'allègement des mesures de confinement j'ai eu l'opportunité de participer à mon 1er marché de créateurs et là j'ai réalisé mes 1ères ventes. Enfin c'était du concret. De plus, j'ai eu tellement de retours encourageants. J'ai alors commencé à communiquer sur mes créations dans les réseaux sociaux également. C'était d'ailleurs par ce biais que je communiquais avec mes clients.


8. Quelles sont vos perspectives ?


Mes perspectives d'avenir sont très encourageantes et variées. Concernant mon activité de création et confection de décorations murales, mon but est de pousser ma créativité toujours plus loin, de développer de nouveaux produits pour mettre toujours l'Afrique en avant. Certains d'ailleurs arrivent pour cet automne et j'aurai peut-être l'occasion de les présenter déjà lors du prochain salon Inspiration Nomade le mois prochain. Dans le cadre de cette activité et parce que mon but est de proposer une gamme de décorations murales assez variée, j'ai également décidé de travailler avec des artisans africains dont les créations sont magnifiques et mettent tellement bien en exergue la diversité et la pluralité des cultures africaines. C'est pour cela qu'aujourd'hui

à côté de mes créations vous trouverez des objets de décoration murale créés par des "artisans" africains et qui me permettent à mon niveau d'aider ces hommes et ces femmes à vivre dignement de leur travail, et s'occuper de leur famille Toutefois je reste attachée au fait de proposer uniquement des créations qui sont "fait-main", qui ont une histoire à raconter et qui ne vont pas à l'encontre de mes valeurs. Et à moyen terme j'ai encore d'autres projets pour étendre davantage mon panel d'offres, mais je n'en dit pas plus pour le moment.


9. Quelle est votre pièce coup de coeur et pourquoi ?


Personnellement je n'ai pas de pièce coup de cœur. Toutes mes créations sont le résultat de coups de cœur pour des récits particuliers. Chacune a une symbolique. Pour moi c'est un peu comme demander à un parent lequel de ses enfants est son préféré. Il n'avouera jamais.


10.Pourquoi participez-vous au Salon Inspiration Nomade ?


Je participe au salon Inspiration Nomade parce que je me retrouve complètement dans la vision. Pour moi ce salon renvoie à la diversité, le but étant de mettre en valeur lae multiculturalisme dans notre société. Le vivre ensemble est une valeur importante à mes yeux et clairement reconnaître qu'on a à gagner des autres cultures est un point qui me touche. Dans l'autre sens je souhaite contribuer à ma façon faire connaître l'art, les cultures et traditions africaines aussi loin que je peux parce que force est de constater que c'est un art qui est très souvent copié mais dont la paternité (ou la maternité) est ensuite attribuée à d'autres civilisations. Je trouve ça totalement injuste. Mon but est aussi de montrer à travers mes créations que l'Afrique a une diversité culturelle qui mérite d'être reconnue à juste titre sur la scène internationale et qu'il faut lui en accorder le mérite. On peut vivre clairement vivre ensemble sans nécessairement chercher à nuire à l'autre.



11.Souhaiteriez-vous ajouter quelques mots ?


Je rajouterai simplement que j'ai retenu une chose principale dans tout mon parcours: décider de se lancer dans l'entreprenariat demande énormément de patience et de résilience. Si on croit en son projet, il faut se mettre en marche et se donner les moyens de le voir naître et grandir. Le pire serait de tout arrêter ou de ne rien faire. Même s' il y a des obstacles, il faut toujours veiller à poser chaque jour une petite action qui vous donnera la sensation d'avancer et nous rapprochera du but. Il n y a rien de pire que d'avoir l'impression de faire du sur-place. Et un dernier mot concernant l'art africain qui me tient à coeur: il est temps pour nous africain et afro descendants de savoir vendre et apprécier notre culture et notre art à l'extérieur de l'Afrique. C'est un art qui ne doit pas rester à l'écart, qui mérite d'être reconnu et qui a tout à fait sa place dans les intérieurs d'aujourd'hui comme on le voit d'ailleurs de plus en plus.


Interviewée par Yalla-Marie GUEYE


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